Thaïlande chapitre? 3?

Alors alors.
Petit tour à la mer.
Hua Hin dans le golfe de Thaïlande
c'est un peu le Deauville des Bangkokais, enfin visuellement ça n'a rien à voir, bien sûr, mais disons que c'est la plage du week-end.
Je suis allé nager à 7 heures du matin quand il y avait trois personnes sur le sable et personne dans la mer; elle était pour moi seule, comme une grande baignoire.
J'ai mangé du crabe et du poisson-chat.
Frederico Garcia Marquez m'a emporté avec ses "Cent ans de solitude".
Cette année a été assez pauvre littérairement, la tête trop prise,
et ça me manquait beaucoup de lire rien que pour le plaisir. Un roman, simplement.
Train de nuit de Bangkok à Chiang Mai, dans le nord.
Très chic.
Des couchettes confortables, joliment fermées par des rideaux d'un rose pâle et suranné.
Moi, j'ai tenté un pique-nique sur ma couchette du haut, avec plein de petites choses achetées avant... quand la femme du train passe pour prendre la commande des boissons.
"Oh une bière tiens!", parfait avec mon ptit frichti.
Autant vous dire qu'entre le cahotement du train et ma témérité, j'ai un peu parfumé ma couchette à la bière Chang.
Au matin, brans le bas de combat,
les couchettes superposées se transforment en deux sièges face à face avec une petite table, le temps du petit déjeuner commandé la veille au soir.
Et puis la petite table disparaît sitôt le café terminé.
Ce voyage est long, très long mais au combien plus rigolo qu'un voyage en bus.
Et puis maintenant Chiang Mai, enfin juste à côté.
C'est l'endroit où je devais prendre mon cours de massage finalement annulé (désolée je ne pourrai pas vous utiliser comme cobayes, une autre fois j'espère...).
J'y suis allé quand même puisque ce n'est pas seulement une école mais aussi un lieu de soins où l'on peut rester.
Je ne savais pas exactement pourquoi je voulais tant y aller mais en arrivant, j'ai su.
C'est vert! Tellement vert et calme et beau. Il y a plusieurs petites maisons en bois dans le jardin. Un étang avec de gros poissons. La nature est luxuriante et prodigue; il y a des mangues par-terre, des bananes, des papayes, des noix de coco accrochées dans les arbres. Et puis il y a un bain de vapeur au herbes... C'est dans une pièce en bois comme un sauna, avec de la vapeur d'eau, comme au hammam mais beaucoup plus chaud et cette vapeur est faite avec un feu où l'on brûle toutes sortes d'herbes et de racines... Ça sent très bon... 
J'ai fait un massage le premier jour qui ne ressemblait en rien à ce que j'avais pu essayer; très profond mais extrêmement doux, gentil. Puis deux jours après j'ai refait un massage. Et là, Bang, la masseuse, est allée très vite vers mes épaules et y a passé presque deux heures. Sans que j'aie rien dit, ses doigts de fée sont allés droit au but. 
Oh! ma chère vieille casserole! Je me suis rendue compte que cette blessure qui s'en va et qui revient existe depuis maintenant douze ans. C'est long... Et malgré tout cette douleur physique reste liée à une sacrée période de ma vie. Curieuse chose que la relation du corps et de l'esprit et leur mémoire respective.
Pause.
Voilà, ça c'est ce que j'ai écrit hier.
Puis il s'est passé ça.
J'ai eu droit à un autre massage (encore! me direz-vous... mais puisque je suis là, autant en profiter).
Sauf que finalement, elle m'a fait un "massage thérapeutique". Ça a duré quatre heures. "Trop bien.." pourrait-on se dire. Alors oui, "trop bien" parce c'est du soin mais pas genre "trop chouette on se fait faire des papouilles au spa". À un moment on a juste envie d'arrêter. C'est un peu comme un scanner de tout le corps, ventre compris, où l'on n'a pas d'autre choix que de se regarder en face et profondément; ce que l'on sait, ce que l'on occulte. C'est intense. Mais ce n'est pas de la torture, c'est fait avec une extrême bienveillance. 
Corps, petit corps, bonjour!
J'avais l'impression que j'étais un livre en braille que Bang était en train de lire.
Alors j'ai pensé à deux options. Soit c'est bon je pars en courant. Soit, ok, je touche quelque chose du doigt, je me laisse un peu faire. Donc, je reste. Je voulais partir lundi mais je vais rester une semaine supplémentaire, c'est plus important que d'aller voir un village ici et des ruines là. D'autant que j'ai encore beaucoup de temps après. Saisir l'opportunité qui m'est donnée d'un temps de guérison (pas au sens négatif comme s'il fallait sortir d'une maladie mais plus dans le sens anglais de "healing" qui sonne davantage comme "prendre soin"). Alors bien sûr, ce n'est pas en une semaine que ça va me changer la vie mais ça peut me donner des pistes, "re-tune" comme dit la femme qui tient le lieu, comme on accorde un instrument de musique.
Faut croire que je grandis...
Il ne s'agit pas d'un grand choc ou d'une quelconque révélation, simplement le temps qui prend son temps, c'est simple mais pas commun.
Enfin voilà, je parle, je parle mais bon...
Excusez ce roman fleuve, prenez dedans ce que vous voulez.
J'espère que vous allez bien.
Je vous embrasse fort.

Valentine