Comment dire...

Oh la la le Cambodge!
Le Cambodge Oh la la!
J'ai la sensation de tomber amoureuse... d'un pays.
Comme un homme qu'on regarde et on a envie de lui dire: " T'es beau tu sais..."
Dès les premiers pas je me suis dit que j'allais me plaire ici.
Enfin, les premiers pas, les premiers pas, disons plutôt ceux qui suivirent.
En effet, il y eu tout d'abord la frontière. Je la redoutais un peu, ce poste-frontière entre la Thaïlande et le Cambodge étant réputé pour être un vrai nid à arnaques. Déjà, cinq heures de train depuis Bangkok, un tuk-tuk (les motos-camionnettes), puis sortie de la Thaïlande. Ensuite, on essaie de vous vendre des visas hors de prix. Il faut aller au bureau officiel mais on fini par n'être plus sûr de rien, les arnaqueurs s'habillant en officiels et les officiels étant habillés en officiels. Et dans le no man's land se battent en duel trois ou quatre casinos où traînent des thaïlandais, le jeu étant interdit dans leur pays. Le douanier a passé un temps infini a regarder des trucs sur son ordi et mon passeport. Jamais très rassurant... Puis, empreintes numérisées, pouce droit, doigts de la même main puis idem de l'autre côté.
Schlak, coup de tampon sur le visa et hop, Cambodge. Puis bataille transports... En fait, tout le monde, policiers (eh oui, eux aussi bien sûr, le Cambodge étant à la 154e position sur 178 pays du classement mondial anticorruption, pour te donner un exemple connu Papa, c'est à égalité avec le Tadjikistan) et chauffeurs essayent soit de vous faire prendre des taxis hors de prix, soit de vous proposer une navette "gratuite" pour un terminal de bus spécial touristes où tous les bus sont évidemment au double du prix normal. J'avais lu que si l'on marchait tout droit tout droit, on pouvait trouver des bureaux de bus "normaux". Donc je marche, l'air très sûr de moi alors que pas du tout, ne voyant tout d'abord que des départs de bus six heures plus tard, "non, pas la peine de me suivre, je n'ai pas besoin d'une navette-taxi-moto... où je vais? oh je me balade, je vais peut-être passer la nuit ici...". Puis enfin, le bon bureau de bus! Le problème n'est finalement pas tant le prix du billet de bus qui reste abordable; l'idée c'est plutôt de refuser d'alimenter, autant que faire se peut, un système totalement mafieux.
Trois-quatre heures plus tard me voici à Battambang.
Petite ville, quoique d'importance dans ce pays, dont l'apparence rappelle de délicieux souvenirs coloniaux... D'ailleurs, on y mange du pain et des gâteau et des "sandwiches". Pour ces derniers, on choisit des petites brochettes de toutes sortes de couleurs, qui sont découpées, mises à frire et enfournées avec de la sauce piquante dans un pain genre baguette. Très diététique. Il y a quand même quelques concombres pour faire un peu vert. Et si on préfère picorer, les bouts de brochettes frites sont mis dans une barquette et le pain coupé en rondelles par-dessus. Étonnant...
J'y suis restée un peu plus de deux jours et c'était très bien pour prendre un peu le pouls. J'ai pris un cours de cuisine (pas de sandwich) et suis monté à bord du "bamboo train", qui servait à transporter de la marchandise, autre vestige colonial. Une voie de chemin de fer unique, on est assis sur une palette comme celles des marchés, montée sur deux espèces d'essieux-roues. Et quand on voit quelqu'un qui arrive en face, pouf pouf, on descend, le petit wagon est démonté en moins de deux, celui d'en face passe et re-pouf pouf, on remonte l'engin, deux coups de sangle pour actionner le moteur et c'est reparti. Amusant.
C'était bien de commencer mon périple par cette ville, sans chichis, plus proche d'un mode de vie courant que Siem Reap où je me suis ensuite dirigée.
Ici, c'est très différent de la Thaïlande, plus proche de ce que j'avais pu voir au Vietnam. Moins "développé", plus "crade", plus rugueux, plus poussiéreux, plus abîmé par l'histoire que la Thaïlande mais ça me convient mieux je crois... Il y a un charme très particulier. J'ai repensé à un texte (de Kleist?) qui parle d'un jeune garçon au bain et qui, faisant un certain geste, a une grâce infinie. Mais il voit son reflet dans un miroir, il voit la beauté qu'il dégage et se faisant, le charme se rompt. C'est comme certains hommes, ils sont "beaux" mais trop conscients de l'être et perdent par le fait même, de leur beauté (j'imagine que c'est pareil pour les femmes mais j'y fais moins attention). Il y a un peu de ça entre la Thaïlande et le Cambodge. En Thaïlande, les gens "savent" que leur pays est beau (ce qui est absolument vrai). Au Cambodge, les gens sont certes fiers de leur culture magistrale mais il reste un certain étonnement de voir des visiteurs (du moins en-dehors d'Angkor). 
Et nom de Dieu, que ces gens sont gentils! Curieux, souriants, serviables, très rigolards, ils sont tout étonnés d'entendre mes boiteux bonjour et merci en khmer, s'amusent de mon accent tout pourri, sont ravis de discuter comme ça ou pour "pratiquer leur anglais". Les enfants, ont un sourire immense, qui leur dévore le visage. Quelqu'un d'ailleurs me l'avait dit; un pays aux mille sourires d'enfants. Ils sont nés de parents qui ont vécu l'horreur et porte en eux une force de vie pétrie de joie.
J'ai pris un bateau pour Siem Reap. Six heures, un peu long mais très beau et plus intéressant que le bus. On traverse des villages fottant comme il y a en sur le Mékong au Vietnam. 
Siem Reap est une ville très agréable. Adaptée aux touristes puisque c'est la porte d'entrée pour visiter Angkor et qu'à peu près tous les voyageurs qui viennent au Cambodge vont visiter ce lieu mythique. Il y a donc plus d'échoppes de produits locaux, de "Lady, buy something" "Tuk-tuk lady?".
Alors ça peut sembler chiant mais, contrairement à d'autres pays, quand on dit non avec un grand sourire, ils n'insistent pas. Avec le sourire et la bonne humeur, cela crée une sorte de connivence comme un "bon ok, je sais que tu n'as pas besoin de mes services mais je propose quand même..." ou "bon oui, j'ai voulu te vendre mes fruits deux fois trop cher mais puisque tu sais que ce n'est pas le bon prix..." Et bon, même s'il y a une zone ultra touristique, il fait quand même bon s'y balader. 
J'ai pris mes quartiers apéritifs dans un bar incroyable, c'est Singapour dans les années 50-60. Ça s'appelle Miss Wong et les cocktails sont bons, quoique légers. C'est beau, on se croirait dans "In the mood for love" et chaque soir je me prends à rêver que je vais voir apparaître Wong Kar-Waï, assis sur un canapé et enveloppé de ses fameuses volutes de fumée... Les serveurs me demandent comment s'est passée ma journée et je leur dit à demain.
Il y a un marchand de glaces, hum, dont je ne pourrais goûter tous les parfums (Camille G., j'ai pensé à toi très fort en testant la glace gingembre-sésame noir).
Le vendeur du supermarché où j'achète de l'eau me reconnaît et on a fait la causette hier.
Je me suis équipée d'un bol et j'achète souvent mon repas du soir dans un petit stand où l'on trouve des plats familiaux qui ne sont pas à la carte des restaurants.
Mon tuk-tuk driver est charmant et sait qu'en me lâchant dans un temple, vue ma lenteur contemplative, il a tout le temps d'accrocher son hamac dans son tuk-tuk et de faire la sieste.
D'où l'avantage de rester plus de deux jours dans une ville.
Alors bien sûr, c'est aussi un pays pauvre, où les enfants font la manche avec un grand professionnalisme. Ce sont les vendeurs les plus tenaces. Il y a les petites filles qui portent un bébé dans leurs bras et ne demandent "pas d'argent, seulement du lait" alors qu'elles ont un arrangement avec le vendeur et lui revendent aussitôt le lait avec une petite marge sur l'arnaque. Il y a ceux qui disent "mais je vais à l'école le soir" ce qui est vrai pour certains mais pas tous bien sûr, et sûrement pas ceux qui le clament. Il y a ce petit garçon près d'un temple qui voulait me vendre des cartes postales et m'a dit durement "tu viens ici et tu ne paie pas?!" Et moi de lui expliquer que si, j'avais acheté un billet. Et lui de me répondre que de toute façon, j'étais européenne, que quarante dollars ça n'était rien, que de toute façon j'étais riche. Bah oui, je ne sais pas trop pourquoi j'ai essayé de lui parler, dans un élan pédagogique sans doute vain... Alors non, ne pas tomber dans le piège de la pitié qui ne fait que justifier ce cette exploitation juteuse. Ceci dit, il y a pas mal de prévention, des affiches qui expliquent la nécessité de ne pas contribuer à ce cercle vicieux. Mais bon, tant que des touristes continueront d'être irresponsables devant ce système n'est-ce pas... En plus, il y a beaucoup de magasins de commerce équitable, c'est facile de mettre son argent au bon endroit.
Et puis il y a la propagande... Impressionnante... D'autant que des élections ont lieu le 28 juin donc on est en plein dedans. Le principal opposant politique (même s'il ne peut pas se présenter, il est néanmoins le visage de l'opposition) vient d'ailleurs tout juste d'atterrir, revenant de son exil en France. C'est moins flagrant à Siem Reap mais à Battambang c'était quelque chose. Tous les soirs il y avait un "concert", un petit air de 14 juillet bizarre quotidien. Et des motos qui sillonnaient la ville, un haut-parleur crachant des messages politiques. Et des défilés bruyants de motos. Bien sûr, le seul message claironné est celui du parti au pouvoir.
J'ai discuté avec le monsieur qui donnait le cours de cuisine. C'est un ancien journaliste qui ne veut plus, ne peut plus exercer son métier. Il était assez pessimiste à vrai dire. Il souhaitait à la fois que quelque chose change dans les cercles du pouvoir, tout en sentant bien que cela entraînerait sans doute de nouveaux conflits. Seule la jeune jeune génération n'a pas connu la guerre ou la famine. Donc ceux qui votent n'ont pas très envie de revivre ça, tout en espérant que leurs enfants pourront eux, un jour, participer à des élections qui ne soient pas complètement trafiquées. Il disait qu'il n'aurait peut-être pas dû avoir d'enfants mais bon..
Il racontait qu'il se sentait parfois égoïste de ne pas être plus actif politiquement mais la contestation coûte très cher, c'est se mettre en péril et mettre en péril sa famille. Il disait tout ça très sincèrement, sans mélo, il était content de pouvoir en parler à des étrangers, de raconter son pays, de faire savoir ce qui s'y passe. C'est étonnant d'ailleurs, vue la situation du pays, de pouvoir discuter de ça. J'ai encore discuté de politique avec l'un des serveurs de mon bar fétiche. La parole, du moins au niveau privé, est assez libre, alors qu'au Vietnam par exemple, ils ont l'air de s'en foutre complètement et en Thaïlande, le sujet est complètement tabou, vu qu'on peut se retrouver en taule si on critique le roi... J'espère que ce pays pourra enfin trouver un chemin vers un certain apaisement démocratique.
Bon, tout ça, ce sont certains aspects négatifs d'un pays magnifique. Une beauté abîmée par une violence inouïe et très récente. Il y a pas mal d'éclopés, il reste encore, malgré un déminage massif, beaucoup beaucoup de mines n'ayant pas explosé. Le Lonely Planet conseille d'ailleurs, en cas de nécessité impérieuse de faire pipi, de ne pas s'éloigner des sentiers battus. Ils disent qu'il vaut mieux se faire surprendre les fesses à l'air que d'exploser se soulageant. Vu comme ça, c'est sûr...
Mais ce pays ne dégage ni apitoiement ni tristesse, bien au contraire.
Et puis, et puis, il y a eu Angkor... Je suis encore en plein dedans, dans l'exploration maintenant de temples plus éloignés et moins connus. Tout a commencé un matin à cinq heures pour le lever du jour à Angkor Vat. Il y a toute une polémique; faut-il y aller à ce moment de la journée sachant que tout le monde y va... Même le Lonely Planet s'emmêle les pinceaux; ils disent qu'il faut éviter et ils disent qu'il ne faut pas rater ça. Alors bon, j'y suis allée.
Départ très matinal, presque nocturne, de la guesthouse.
J'étais très excitée. Comme lorsqu'on part en voyage. D'ailleurs pendant la nuit je me suis réveillée en sursaut, me disant que peut-être, je n'avais pas entendu mon réveil. Cela m'arrive souvent avant un départ très matinal.
Et oui, j'ai ressenti cette excitation, cette légère émotion du départ vers quelque part. C'est rigolo, pour ce voyage, ça me l'a fait plusieurs fois, avec plus ou moins d'intensité; à l'aéroport, en repartant après mes deux semaines de repos, en prenant le train pour le Cambodge et au moment de faire mes premiers pas à Angkor. Et je sais qu'en général, étrangement, ça se produit aussi avant le vol de retour...
Donc me voilà dans mon tuk-tuk avec la sensation de partir à l'aventure. J'ai eu un peu peur en voyant le monde autour de moi. Et puis je me suis dit qu'après tout, je n'avais qu'à penser qu'il s'agissait, je ne sais pas, d'un pèlerinage ou d'une procession et qu'après tout, tout le monde venait pour voir quelque chose de beau, ce qui en soit est plutôt positif. Ça a plutôt bien fonctionné à ce moment-là, dans la pénombre avec tout le monde un peu endormi. Plein de gens se sont assis à droite de l'allée centrale pour être pile face à l'est mais à gauche de l'allée, il y avait peu de gens; je m'y suis donc assise. En plus comme il avait un peu de nuages ce n'était pas frustrant de ne pas être exactement en face. Et c'était très beau. Le jour se levait et le temple qui n'était que silhouette s'est peu à peu révélé. Et c'était amusant de voir tous ces gens attendant l'aube et le soleil... Nous attendions tous quelque chose de quotidien mais exceptionnel. Puis, le jour levé, tout le monde s'est dirigé vers l'intérieur du temple. Moi, j'ai attendu. En général, si jamais il y avait du monde, j'attendais patiemment que se dégage le bouchon. Ça marche plutôt bien et puis, qu'est-ce qui pourrait bien me presser? Des petites japonaises à la voix stridentes se sont approchées. Je me suis alors souvenu que j'avais mes écouteurs dans mon sac. Parfait. On peut se dire "ah ces jeunes, toujours avec leur truc dans les oreilles..." Mais pour moi, entre des gens excités et de la belle musique, le choix est vite fait. J'ai donc choisi le Stabat Mater de Pergolèse. Wawawa, effet boeuf. Avec mon émotivité habituelle, je me suis mise à pleurer, doucement mais longtemps. Pas de tristesse. Mais d'émotion devant ce lieu impressionnant et étrange qui est à la fois l'oeuvre d'une dévotion totale et d'une mégalomanie exacerbée, chaque temple ayant été construit pour être plus beau et plus grand que celui érigé par le roi précédent. On se sent si minuscule devant cette grandeur. Et puis je ressentais aussi quelque chose comme la magie de me dire "ça y est, j'y suis". Non pas que le Cambodge ait été pour moi une obsession mais je me souviens d'une scène dans "In the mood for love" qui se passe à Angkor Vat. Et sans doute que cela fut mon accroche sensible à ce lieu, au-delà de l'intérêt rationnel et culturel. Et sans doute, et apparemment, avais-je bien plus envie d'y venir que ce que je croyais avant mon départ. Oui, "ça y est, j'y suis".
Quoiqu'il en soit, cette pause larmes m'a permis d'aller dans le temple après le gros de la foule.
Puis mon exploration des temples a continué. On pourrait croire que vielle pierre plus vielle pierre égal vieille pierre mais non. Et c'est complètement fou, à peu près chaque bloc de pierre est gravé. On y voit des danseuses, des animaux de légende, les aventures du roi ou de Shiva (l'hindouisme fut la principale religion de cette période).  La construction des temples s'est étalée sur plusieurs siècles, il y a donc beaucoup de styles différents. Certains sont plus ou moins magiques, certains sont plutôt bien conservés, dans d'autres on marche à travers des décombres, d'autres encore sont ensevelis par la jungle, les racines d'arbres immenses s'insinuant entre les pierres, étranglant les bâtiments. Il y a eu des lieux avec du monde, dans lesquels la musique venait à mon secours. J'ai écouté la bande originale d'In the mood for love, dans laquelle il y a deux morceaux appelés "Thème Angkor Wat 1 & 2". C'était tout à fait raccord. Et puis il y a des lieux où je me retrouvais toute seule, calme. 
J'ai fait deux jours de temples, un jour de pause pour digérer un peu, puis un troisième jour. Et ce weekend je suis partie en moto (on est bien d'accord, ce n'est pas moi qui conduisait...) vers des endroits beaucoup plus reculés. D'abord vers un lieu à deux heures et demie de route, dans la forêt, où j'ai dû croiser trois personnes.
Et hier ah ah ah! J'avais très envie d'aller voir un temple, le Preah Vihear qui se trouve au sommet d'une montagne. C'est un temple à la frontière thaïlandaise et pour lequel les deux pays se battent depuis à peu près toujours. Les derniers conflits, très violents, datent d'il y a quelques années seulement. Le poste-frontière est fermé d'ailleurs. C'était assez fou. Déjà, pour la dernière portion de route, ça grimpe tellement qu'on se retrouve presque le corps à l'horizontal. Puis on arrive en haut. On y voit un panneau "J'ai de la fierté d'être né Cambodgien" et plus loin "Preah Vihear est notre temple". Quel lieu bizarre. Il y a des militaires et des policiers partout. Des mitraillettes (pas beaucoup mais quand même...) posées au pied des ruines. Il y a encore les abris en sacs de sable des derniers combats. Mon chauffeur de moto, un jeune homme de vingt-deux ans, était très heureux de venir; je crois qu'il n'était jamais allé aussi loin et aussi haut. Il s'est malheureusement fait racketté par un policier en pleine puissance, sous prétexte qu'il n'était pas guide. N'importe quoi bien sûr... Il était attristé mais en même temps il trouvait lieu si beau. Il m'a dit: " Mon pays est beau." C'était très représentatif du Cambodge... beauté et corruption... fierté immense de l'héritage et tristesse des circonstances politiques. Bref, à la fin de la journée, nous avions fait neuf heures de moto, vu l'aube à l'aller et un coucher de soleil avec un lever de lune simultané au milieu des rizières. Toute une aventure...
Donc voilà, ce fut un très beau voyage de plusieurs jours dans l'univers angkorien.
Ce soir, bus de nuit vers le sud. Je vais me poser quelques jours dans une île plus ou moins déserte, que les complexes hôteliers n'ont pas encore défigurée. Mais pour combien de temps... Je crois qu'il n'y a rien à y faire et apparemment, il pleut un peu ces jours-ci. Mais cela m'est égal. J'ai besoin de reposer un peu mon corps. En effet, j'ai pris énormément de photos mais tout est tellement grand! Et puis, utilisant des focales fixes, sans zoom, ça m'a fait faire du sport et mon genoux grinçant bien, j'ai fini par enfiler ma genouillère. J'aime beaucoup ça, c'est assez agréable de chercher le cadre voulu avec son corps, un pas de devant ou deux derrière, souvent accroupie voire couchée par-terre puisque vue la taille des monuments, la contre-plongée se révèle souvent nécessaire... On pourrait croire que toujours mettre son oeil dans le viseur ne permet pas de regarder. Mais en fait, pour moi qui aime tant ça, je me rends compte que ça me rend extrêmement attentive aux détails, à la perspective, aux proportions, aux couleurs... D'ailleurs, merci mille fois Papa pour ton cadeau d'anniversaire, cet objectif est absolument essentiel ici.
Donc voilà, photo plus escaliers abrupts plus moto, j'ai bien besoin de repos et de temps pour yogatiser un peu. Et j'ai aussi besoin d'un paysage "vide", "plat", pour laisser se déposer en moi toutes ces folles images et ne pas les bousculer vers la sortie de mon cerveau en le bourrant avec d'autres explorations visuellement denses. 
J'ai réservé un bungalow perché dans un arbre à six mètres du sol. Ça devrait être pas mal...
Ce mail est sans doute long mais ça fait bien trois jours que je l'écris sans réussir à le finir.
Du coup, ne vous souciez pas de la temporalité, les demain étant devenus des aujourd'hui ou les aujourd'hui des hier. 
Et puis, si les coups de coeur ne s'expliquent pas, du moins peut-on essayer de les raconter...
Je pense à vous, même de si loin et je vous embrasse.

Valentine