Thaïlande, fin.

Alors cette semaine dans "Valentine en Thaïlande"...
Dernier épisode mais mais mais! Ne soyez point tristes car très prochainement, Valentine reviendra dans "Valentine au Cambodge"!
Et dans quelques semaines, vous aurez droit à des "off", des interviews one-to-one, de la documentation média et plus encore! 
Mais d'ici là... que va-t-il se passer...?
Mais revenons donc au dernier épisode de la saison 1.
(Eh ben dis-donc, il est sept heure du matin et je suis très inspirée on dirait... Mais comme je suis réveillée mais encore un peu fatiguée, je risque de m'essouffler rapidement. Le style sera donc sans doute un peu décousu).
D'ailleurs je viens de faire une pause pour goûter des fruits achetés hier. Cela s'appelle sala et ça a une forme d'échalote, une peau brune épineuse, chair blanche un peu sucrée, un peu acidulée, avec deux un gros noyaux au centre. Très bon.
J'ai un peu l'impression d'être un ventre ambulant, je suis capable de déterminer mon parcours du jour en fonction de où mange-t-on quoi. Aujourd'hui par exemple, je vais dans un quartier où il y a pas mal de galeries d'art mais aussi un grand temple hindou à côté duquel on trouve paraît-il de très bonnes dosas d'Inde du Sud. pas très thaï mais c'est assez rare d'en trouver alors... Notez que je vais quand même dans ce quartier pour l'aspect culturel mais tant qu'à faire, autant joindre les papilles aux yeux. Mais bon, à mon habitude, quand je cherche un truc précis, genre une gargote recommandée, je me retrouve souvent soit perdue, soit devant des portes closes pour cause d'horaires ou de travaux... Mais jamais je ne me laisse abattre et mon estomac n'a que très rarement été déçu. Même devant des choses un peu bizarres et parfois initialement peu ragoûtantes. Pour moi, je dois dire qu'une grande partie de l'aventure passe par là. Un pied de nez à mon histoire sans doute, un joyeux revirement. Comme j'aurais pleuré à l'époque de devoir manger ce que je mange! Comme je pleurerais aujourd'hui de ne pas manger ce que je mange! Par contre, je suis assez surprise, ce pays est vraiment tout sauf végétarien, que ce soit la cuisine populaire ou la cuisine plus élaborée.  
Enfin, comme je ne fais pas non plus que manger, j'ai tout de même autre chose à raconter...
Après beaucoup de thé et par conséquents de nombreux pipis à Mae Salong, je suis partie pour Chiang Mai. C'est la ville près de laquelle j'étais lorsque j'étais chez Homprang et Christopher mais je n'avais vu que la campagne environnante.
Re la petite camionnette qui cahote puis le bus aux ventilateurs. Huit heures en tout.
Chiang Mai est une ville assez jolie, du moins pour ce qui est de la vieille ville, la nouvelle étant plutôt sans intérêt. Il y a des temples à peu près à tous les coins de rue. Le quartier backpackers est assez imposant, les jeunes touristes de tout poils y sont légion. Souvent en duo ou petits groupes. Il y a beaucoup de Français qui voyagent ici mais je ne suis pas très chauvine, je ne me dis pas trop "Hey, tu parles français! Et si on discutait?". Et comme, étant seule, je ne parle pas on ne me dit pas non plus "Et d'où tu viens? Et c'est quoi ton trajet? Et tu fais quoi? Wow, comédienne!" (Oui, j'ai remarqué que si je disais mon métier, ça faisait toujours un drôle d'effet et j'ai juste envie de signaler que je suis normale quand même...).
Et qui dit quartier de routards dit aussi multitude de cafés avec pizzas et burgers et plats thaïs adaptés aux westerners. Bof, bof, pas mon truc. Mais il y a toujours un grand marché, bondé comme une fourmilière de jour comme de nuit et ceux sont des lieux où j'adore me promener.
J'ai vu pas mal de temples aussi mais assez mollo quand même parce que mon voyage en bus m'a tué le dos, je me réveillais le matin avec la sensation d'avoir quatre-vingt-deux ans (et précisément cet âge-là). Je suis allée deux fois chez l'acupunctrice. Rien à voir avec celle que je vois à Paris... Celle-ci était d'une grande délicatesse, mettant un minimum d'aiguilles et si doucement qu'on sent à peine quand elle les met. La parisienne est vraiment un bourrin en comparaison, plantant les aiguilles sans ménagement et en quantité impressionnante, comme dans une poupée vaudou représentant une personne à laquelle on voudrait beaucoup de mal... Ça m'a soulagée un peu quand même. Et puis j'avais une chambre très sommaire mais plutôt grande où j'ai pu faire du yoga tout doux, ce qui n'est pas évident partout, l'espace étant parfois plus réduit. Le problème, c'est que je suis trop souple et que dans les bus, je me plie en quinze pour dormir et après... aïe... J'appréhende un peu le Cambodge car là-bas pas de train et des trajets routiers assez longs. Je vais essayer de moins me tordre et d'utiliser ma ceinture scapulaire. 
Je suis allé dans un temple qui organisait des "monk chat" où l'on peut discuter tranquillement avec des moines. La discussion portait plus sur le mode de vie que sur la spiritualité mais c'était très intéressant. Par rapport aux femmes, non seulement tout contact physique est interdit mais la Thaïlande est le seul pays où on ne peut pas se passer un objet de main à main. Même pour donner une offrande, les femmes doivent poser l'objet et ensuite seulement le moine peut s'en saisir. C'est m'a dit le moine "to protect our feelings". "Ne nous soumet pas à la tentation..." n'est-ce pas? Alors certes, ils sont soumis à un nombre impressionnant de règles et préceptes, et plus ils évoluent dans la "hiérarchie" plus ce nombre s'accroît (environ 242 je crois au plus haut niveau) mais en même temps, c'est assez libre sur certains aspect,s comme les études, la famille, le temple où ils vivent. Il est d'usage de passer à un moment de sa vie par la case monastique mais peu d'entre eux restent moines à vie. J'étais contente de pouvoir parler à un moine après mon étrange expérience précédente qui, finalement, me fait bien rire maintenant. C'est une aventure assez exotique qui ne doit pas arriver à tous les voyageurs...
Alors bon, Chiang Mai, entre mon dos douloureux et un quartier qui correspond assez peu à mon état d'esprit, fut aussi le lieu du coup de blues de mi-parcours. C'est quand des petites angoisses basées sur rien surviennent et qu'on se dit que zut, nos petites névroses nous suivent décidément partout et que, quel que soit le cadre, il y a des choses en nous qu'on aime plus ou moins, qu'elles font bien partie de nous puisque l'environnement ne les fait pas disparaître et dont on se passerait volontiers. Pas trop lourd, mais le moment dont je savais qu'il arriverait fatalement vers la mi-course, parce qu'il arrive à peu près systématiquement quand on part un peu longtemps sur les routes. Donc pas de surprise mais un petit arrière-goût amer...
Enfin, mon épique voyage en train m'a totalement enjouée, je profite de mes derniers jours à Bangkok et je pars demain vers de nouvelles aventures au Cambodge donc tout va bien.
J'ai donc effectué un deuxième voyage en train couchette. Je n'avais pas choisi le train le plus rapide mais celui qui me me laissait le plus de temps dans la journée à Chiang Mai et qui n'arrivait pas à Bangkok à six heures du matin (ça ne sert à rien, les chambres d'hôtel ne sont pas prêtes à cette heure-ci...). Et bah pour pas rapide ce fut pas rapide! Le train a pris du retard, ce qui est d'usage pour un train thaï. Résultat des courses, un peu plus de dix-huit heures pour 750 km de rails! Mais ça ne m'a pas gêné, c'est rigolo, on peut s'assoir sur le marche-pied, on peut marcher pour se dégourdir,  le wagon-restaurant bien que la bière y soit à un prix exorbitant, j'étais passée au marché pour me composer un délicieux pique-nique (on a l'habitude Camille G. n'est-ce pas? reines que nous sommes du festin de train qui rend tout le monde jaloux et dégoûter de son pauvre sandwich triangle!) et les couchettes sont très confortables (du moins quand on fait ma longueur et ma largeur, il y sûrement des formats qui rendent le sommeil plus compliqué).
Enfin, j'ai beau sincèrement adorer le train, à la fin, c'était un peu long quand même, d'autant que les informations sont plus ou moins précises (plutôt moins que plus) et ça semble toujours plus long d'attendre quand on ne sait pas combien de temps l'attente va durer. Simple question de conditionnement psychologique...
Me voici donc de nouveau à Bangkok, dans la même guesthouse que la dernière fois mais dans une autre chambre, moins confortable mais tout à fait insolite, pas très grande mais il doit y avoir quatre mètre de hauteur sous plafond avec fenêtre sur toute la hauteur et sur deux murs sur quatre comme, je sais pas trop, une boîte à chaussures en verre à la verticale? Et comme elle est au septième étage, c'est assez impressionnant...
Hier, vadrouille dans le Chinatown qui est assez dingue. J'y étais déjà allée mais un jour où cette densité complètement désorganisée de gens, d'échoppes, de charriots de nourriture, de voitures, etc. m'avait plutôt oppressée. Hier, je me suis bien marrée, j'ai découvert des choses bizarres comme un centre commercial à moitié fini, quasi désert mais ouvert malgré tout, des grands magasins avec les vêtements les plus moches du monde et des salons de thé chinois ultra glauques à l'étage, une zone où le quartier chinois devient indien, avec de vieux sikhs avec leur turban et des chinois et des thaïs qui vendent des saris et des étoffes indiennes. Et un peu plus loin, un grand marché aux fleurs qui ouvre le soir, avec des brassées et des montagnes de bouquets et de guirlandes de toutes les couleurs. C'est bordélique et beau (c'est d'ailleurs une bonne définition d'ensemble de ce pays et de cette partie du globe).
Aujourd'hui, dernier jour thaïlandais, je vais aller voir à quoi ressemble l'art contemporain local et claquer les bahts qui me restent; pas non plus de quoi faire des folies mais suffisamment pour un bon massage, un apéro au 61e étage d'un hôtel et un repas un peu évolué, histoire de finir cette partie du voyage en beauté. C'est une façon de voyager qui me plaît bien, un mélange de totalement roots et de plus délicat, passant du repas de rue au qui coûte dix fois le prix. Une manière de voir aussi cet énorme contraste de classes sociales qui se frôlent, distancées d'une simple station de métro... Enfin, je ne vais pas non plus dans les hautes sphères qui celles-ci, totalement excessives, irrationnelles, inaccessibles et pas forcément enviables sont les mêmes dans tous les coins du globe. 
Voili voilou, demain le Cambodge qui promet d'être assez différent avec de nouveaux dépaysements en perspective.
Cette partie thaïlandaise fut riche et je pourrais revenir, n'en ayant vu qu'une infime partie, notamment au niveau géographique. Je sens que si je rencontre des gens ayant voyagé en Thaïlande on me dira: "Et t'es allé là? Et t'as vu ça? Et t'as fait ça?" Ben, non. Mais je suis bien contente, je suis allée à l'instinct vers ce qui me faisait envie à ce moment-là et tant pis pour la logique, la culture ou les "essentiels". 
À très bientôt pour de nouveaux récits de pieds.
Je vous embrasse de tout coeur.

Valentine